top of page
Rechercher

Un robot aux airs de pieuvre géante

C'est un robot aux airs de pieuvre géante qui sévit désormais dans les blocs opératoires. Baptisé Da Vinci, en hommage au célèbre inventeur, il est doté de trois ou quatre bras, l'un muni d'un endoscope (caméra) et les autres de scalpels et de bistouris. Le médecin les pilote à partir d'une console sur laquelle il voit des images 3D de la zone à opérer. Il s'agit d'une chirurgie mini-invasive, réalisée par de petites incisions. Da Vinci promet aux médecins «une meilleure visualisation, une plus grande dextérité, une précision accrue et un excellent confort ergonomique» adaptés à des opérations complexes.






Ce qui semblait relever d'un scénario de science-fiction il y a encore vingt ans est aujourd'hui une réalité au sein de nombreux cabinets et hôpitaux. Aux États-Unis, plus d'un quart d'entre eux sont équipés en Da Vinci. Développée à la fin des années 1980 dans l'ancien institut de recherche de Stanford, cette technologie est financée par les Instituts nationaux de santé et par l'agence de R&D de l'armée américaine. À l'origine, elle devait permettre à des médecins d'opérer à distance sur le champ de bataille. Faute de moyens financiers suffisants, le projet n'a pu aboutir. Mais des ingénieurs du MIT ont racheté les brevets. L'entreprise Intuitive Surgical a vu le jour en 1995 à Sunnyvale (Californie), au cœur de la Silicon Valley, avec un objectif clair: permettre aux patients de se remettre plus facilement d'une intervention chirurgicale grâce à une technologie moins invasive.

Cinquième génération de robots

Intuitive Surgical a ainsi développé le premier robot de chirurgie assistée. La première opération, une ablation de la prostate, a été réalisée en Allemagne en 1999. Près de vingt ans plus tard, Da Vinci en est à 5 millions… La cinquième génération de robots a été mise sur le marché aux États-Unis. Aux opérations initiales de la prostate et du rein se sont ajoutées l'urologie, la gynécologie ou encore la chirurgie cardiothoracique. Près de 4500 robots sont aujourd'hui déployés dans le monde, dont 125 en France (répartis à 50-50 entre établissements publics et privés), ce qui fait de l'Hexagone le troisième marché de Da Vinci derrière les États-Unis et le Japon. 44.000 médecins ont été formés à son utilisation dans le monde.

La start-up californienne est devenue une vraie pépite de la medtech. Cotée depuis 2000, Intuitive Surgical a une capitalisation boursière de 65 milliards de dollars. Le prix de Da Vinci - avec la plateforme et les logiciels associés - s'échelonne de 750.000 euros à 1,85 million d'euros selon les modèles, d'après nos informations. Compte tenu du coût, un modèle plus accessible (Da Vinci X, autour de 1 million d'euros) a été lancé l'an passé pour séduire le marché européen, où de nombreux systèmes de soin ne remboursent pas le robot. C'est le cas notamment en France, où Da Vinci est entièrement à la charge des établissements qui l'achètent. Un frein à son développement.

Une économie de coûts

«Si nous avions la possibilité de suivre les patients opérés avec le Da Vinci, nous pourrions en mesurer les bénéfices et prétendre à un remboursement en fonction des résultats d'études cliniques et médico-économiques», explique Damien Desmedt, directeur général France. Intuitive Surgical met en avant les économies à la clef pour les systèmes de santé grâce à un temps d'hospitalisation plus court (au moins divisé par deux) et une récupération plus rapide des patients.

La chirurgie mini-invasive réduit, en effet, les cicatrices et le taux de complications. En outre, Da Vinci est de plus en plus utilisé par les hôpitaux en ambulatoire, un mode opératoire que souhaite promouvoir le gouvernement pour réduire les dépenses: il vise 70 % d'opérations réalisées en ambulatoire d'ici à 2022. «Avec notre technologie, nous participons à cet effort», ajoute Damien Desmedt.

Si Intuitive Surgical - qui détient plus de 2750 brevets - conserve une longueur d'avance, des concurrents pointent leur nez. Parmi eux, des poids lourds des medtechs comme l'américain Johnson & Johnson ou le français Medtech, qui planchent sur des robots du même style. Par ailleurs, l'entreprise a été confrontée à plusieurs milliers de plaintes déposées aux États-Unis à la suite d'incidents. Ce qui l'a notamment conduite à proposer, pour l'un de ses modèles, une deuxième console facilitant la transmission du savoir-faire entre chirurgiens. Le potentiel du marché est énorme. D'ici à 2021, on estime qu'une intervention chirurgicale sur trois aux États-Unis devrait être réalisée par des systèmes robot-assistés.



Comments


bottom of page